2009   Matutinale

Matutinale est né de la rencontre du jazz avec la poésie de Philippe Soupault.

Le poète, surréaliste proche d’André Breton, appréciait la musique, en particulier le jazz qui arrivait en France après la première guerre mondiale.

Sont mis en musique des textes de Rose des vents (1919), Georgia (1926), des extraits de prose surréaliste – Les Champs magnétiques (1919).

Affleurent en écho quelques chants populaires américains de pure tradition, une « Nursery Rhyme » de Stéphane Mallarmé et un poème de Walt Whitman.

Extraits musicaux: 

Citharae sonore
Les Dioscures
→ Résidence de création et concert le 23 mai 2009 au Petit Faucheux (Tours)
image Matutinale

wa wa wa

ntata hozondrac nmatrapaz lacai ntata ntatata
nivar wararoum

répondrait, en écho, Tristan Tzara…

Extraits poétiques: 

GEORGIA (Philippe Soupault, Georgia-Epitaphes-Chansons, collection Poésie-Gallimard, 1984)

Je ne dors pas Georgia
Je lance des flèches dans la nuit Georgia
j'attends Georgia
Le feu est comme la neige Georgia
La nuit est ma voisine Georgia J'écoute les bruits tous sans exception Georgia
je vois la fumée qui monte et qui fuit Georgia
je marche à pas de loup dans l'ombre Georgia
je cours voici la rue les faubourgs Georgia
Voici une ville qui est la même
et que je ne connais pas Georgia
je me hâte voici le vent Georgia
et le froid et le silence et la peur Georgia
je fuis Georgia
je cours Georgia
Les nuages sont bas il vont tomber Georgia
j'étends les bras Georgia
je ne ferme pas les yeux Georgia
j'appelle Georgia
je t'appelle Georgia
Est-ce que tu viendras Georgia
bientôt Georgia
Georgia Georgia Georgia
Georgia
je ne dors pas Georgia
je t'attends Georgia.
VIRGINIE (Philippe Soupault, Etapes de l'enfer, 1932-34)

Désormais pour moi
les nattes que tresse la fumée
retiennent les souvenirs
de tes collines ô Virginie
douces comme le sang
tiède
et le vol de ce corbeau jamais plus
qui se pose encore près d'une tombe
Un oiseau dont je ne sais pas le nom
tutoie le ciel
où se reflètent les sources
et élargit l'horizon
Vol fumée ombres
que chasse le soleil
et qu'attire ce chant
à peine écouté
Est-ce le murmure qu'une cigarette
confie à mes lèvres
et qui rôde dans tes champs de tabac
ô Virginie